
Détartrage dentaire : méthodes, fréquence et conséquences
Le détartrage est un acte d’hygiène bucco-dentaire qui consiste à éliminer le tartre accumulé sur la surface des dents, sous la gencive et parfois même dans les espaces interdentaires. Il joue un rôle primordial dans la prévention de nombreuses maladies orales, notamment la gingivite et la parodontite. Cet article propose un tour d’horizon complet des différentes méthodes de détartrage, des produits et techniques utilisés, des recommandations en matière de fréquence, des signes à surveiller et des conséquences d’un manque d’entretien dentaire.
1. Comprendre le tartre et son origine
Le tartre est le résultat de la minéralisation de la plaque dentaire. La plaque, composée de bactéries, de résidus alimentaires et de salive, se dépose en continu sur la surface des dents. Lorsque cette plaque n’est pas correctement éliminée par le brossage et l’utilisation de moyens complémentaires (fil dentaire, brossettes interdentaires), elle durcit et forme du tartre. Selon les recherches en odontologie, le processus de minéralisation peut débuter dès 24 à 48 heures après l’accumulation de plaque dentaire.
Le tartre peut être supragingival (au-dessus de la gencive) ou sous-gingival (en dessous). Le détartrage vise à l’éliminer dans ces deux zones, afin de prévenir ou de maîtriser les maladies parodontales. Il est essentiel de noter que seul un professionnel de santé dentaire (chirurgien-dentiste ou parodontiste) est habilité à effectuer un détartrage en toute sécurité.
2. Les différentes méthodes de détartrage
2.1 Détartrage manuel
Le détartrage manuel est la méthode la plus ancienne et repose sur l’utilisation d’instruments spécifiques, appelés curettes et détartreurs. Le praticien gratte mécaniquement le tartre grâce à des mouvements précis le long de la surface de la dent, de la gencive vers le bord incisal ou occlusal.
Avantages :
- Précision dans les zones difficiles d’accès.
- Sensibilité tactile accrue du praticien, qui peut sentir directement la surface de la dent.
Inconvénients :
- Procédure parfois plus longue.
- Éventuel inconfort pour le patient si des dépôts de tartre sont très importants ou si les gencives sont sensibles.
2.2 Détartrage ultrasonique
Le détartrage ultrasonique emploie un générateur d’ondes ultrasonores couplé à une pièce à main. L’embout vibre à une fréquence élevée (généralement entre 25 kHz et 42 kHz), ce qui fragmente le tartre et facilite son élimination. Un jet d’eau est simultanément projeté pour refroidir l’embout et éliminer les débris.
Avantages :
- Rapidité d’exécution.
- Efficacité élevée sur les dépôts calcifiés importants.
- Moins fatigant pour le praticien.
Inconvénients :
- Sensation de vibrations et bruit qui peuvent incommoder certains patients sensibles.
- Risque d’abrasion si la puissance ou la technique ne sont pas maîtrisées.
2.3 Aéropolissage (air polishing)
En complément du détartrage, l’aéropolissage utilise un jet d’air, d’eau et de bicarbonate de sodium ou de glycine projeté sous pression pour éliminer les taches superficielles et les dépôts légers de plaque. Il est particulièrement efficace pour enlever les colorations extrinsèques (tabac, café, thé) et pour polir la surface des dents après le détartrage.
Avantages :
- Procédure rapide et confortable.
- Finition lisse qui limite la réaccumulation de plaque.
Inconvénients :
- Ne remplace pas un détartrage complet pour le tartre sous-gingival ou très dur.
- Peut être contre-indiqué chez les patients souffrant de certaines pathologies respiratoires ou chez ceux présentant des allergies.
3. Les produits et outils utilisés
- Curettes, détartreurs manuels : en acier inoxydable, ces instruments possèdent des formes spécifiques adaptées à chaque zone de la bouche.
- Appareils à ultrasons : composés d’une pièce à main et d’un insert ultrasonique, ils utilisent des vibrations haute fréquence.
- Poudres d’aéropolissage : bicarbonate de sodium pour le nettoyage de surface ou glycine pour des actions plus délicates, notamment sous-gingivales.
- Gel de détection de plaque : certains praticiens appliquent un colorant (par exemple à base de fuchsine basique) afin d’identifier les zones où la plaque subsiste.
- Polisseurs ou cupules en caoutchouc : utilisés avec une pâte à polir pour lisser les dents après le détartrage et limiter la reformation de la plaque.
4. Recommandations en termes de fréquence
La fréquence d’un détartrage varie selon plusieurs facteurs : la vitesse de formation du tartre, l’hygiène bucco-dentaire du patient, son régime alimentaire, ses habitudes tabagiques, ainsi que son état de santé général (présence de diabète, par exemple, pouvant favoriser certaines inflammations gingivales).
- Recommandation générale : La plupart des instances professionnelles (par exemple, l’UFSBD – Union Française pour la Santé Bucco-Dentaire) recommandent une séance de détartrage au moins une fois par an.
- Cas particuliers : Les patients présentant une parodontite, les fumeurs ou ceux ayant un traitement orthodontique peuvent nécessiter un détartrage plus fréquent (deux fois par an, voire plus).
Le chirurgien-dentiste évalue le risque individuel lors de l’examen clinique et détermine la fréquence idéale pour chaque patient. Il est à noter que les techniques d’hygiène bucco-dentaire quotidienne (brossage minutieux, fil dentaire, brossettes interdentaires, bains de bouche) prolongent l’intervalle entre deux séances de détartrage.
5. Les signes qui doivent nous alerter
Plusieurs symptômes indiquent qu’un détartrage est nécessaire :
- Saignement des gencives : Un saignement au brossage ou à l’utilisation de fil dentaire signale souvent une gingivite débutante.
- Mauvaise haleine (halitose) : Les bactéries logées dans le tartre peuvent libérer des composés sulfurés volatils (CSV), responsables d’une odeur désagréable.
- Rougeur ou gonflement gingival : Des gencives irritées, enflées ou douloureuses peuvent révéler la présence de plaque et de tartre en excès.
- Sensibilité dentaire : Une sensibilité accrue au froid, au chaud ou au sucré peut être liée à une récession gingivale ou à une inflammation de la gencive.
- Aspect des dents : Des colorations brunes ou jaunâtres, notamment près des collets dentaires, peuvent indiquer la présence de tartre ou de taches extrinsèques.
6. Les conséquences si le détartrage n’est pas fait
Ne pas réaliser de détartrage régulier peut engendrer des complications notables :
- Gingivite : Premier stade de l’inflammation gingivale. En l’absence de traitement, elle peut évoluer en parodontite.
- Parodontite : Cette forme avancée d’infection gingivale attaque les tissus de soutien des dents (ligament alvéolo-dentaire, os) et peut conduire à un déchaussement dentaire, voire à une perte de dents à long terme.
- Récession gingivale : L’inflammation chronique peut entraîner un recul de la gencive, exposant la racine de la dent et augmentant la sensibilité dentaire.
- Risque systémique : Des études scientifiques suggèrent qu’une mauvaise santé bucco-dentaire (en particulier la parodontite) peut être associée à un risque accru de certaines affections cardiovasculaires ou de complications pour les patients diabétiques.
- Impact esthétique et social : La présence de tartre et la mauvaise haleine peuvent altérer la confiance en soi et la qualité des interactions sociales.

7. Les avancées technologiques et la recherche scientifique
La recherche en dentisterie préventive et en parodontologie se penche constamment sur l’amélioration des techniques de détartrage et du confort des patients :
- Ultrasons de nouvelle génération : Des appareils dotés de technologies piézo-électriques plus précises permettent de mieux cibler les dépôts.
- Guidage par endoscopie : Dans certains cas complexes de parodontite, un endoscope dentaire peut aider le praticien à visualiser en temps réel la zone sous-gingivale.
- Nouveaux matériaux de curettes : Les curettes en acier inoxydable haute dureté ou revêtues de nitrure de titane possèdent une durée de vie plus longue et préservent la surface radiculaire.
- Polymères antibactériens : À l’étude dans certains laboratoires, ils pourraient un jour être intégrés à des produits de prophylaxie pour freiner la réapparition du tartre.
Le détartrage est un acte fondamental de prévention et de traitement en matière de santé bucco-dentaire. Il ne se limite pas à un simple nettoyage : il contribue à préserver l’équilibre des tissus de soutien, à maintenir une haleine fraîche et à prévenir l’apparition ou la progression des maladies parodontales. Les différentes méthodes – manuelle, ultrasonique, aéropolissage – ainsi que l’éventail de produits et de techniques (curettes spécifiques, dispositifs ultrasoniques, poudres de polissage) permettent aujourd’hui de réaliser des détartrages efficaces et de plus en plus confortables pour le patient.
Il est recommandé de consulter régulièrement un chirurgien-dentiste, au moins une fois par an, pour un examen clinique complet. Cette visite permettra non seulement de programmer un détartrage adapté à chaque situation, mais aussi de repérer d’éventuels signes précoces de pathologies. Les conséquences d’un manque d’hygiène et d’un défaut de suivi peuvent se révéler graves à long terme, allant de la gingivite à la parodontite, avec un retentissement potentiellement important sur la qualité de vie. En conclusion, le détartrage est une étape clé pour la préservation d’un sourire sain, durable et fonctionnel.
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