Pénurie de dentistes : un défi mondial pour l’accès aux soins

Introduction

Les soins bucco-dentaires sont essentiels à la santé générale, mais dans de nombreux pays, l’accès à un chirurgien-dentiste devient de plus en plus difficile. En France, la problématique des déserts médicaux dentaires s’intensifie : les délais pour obtenir un rendez-vous dépassent parfois plusieurs mois, notamment dans les zones rurales.

Ce phénomène n’est pas uniquement français : l’OMS estime que plus de 3,5 milliards de personnes dans le monde souffrent de maladies bucco-dentaires non traitées, faute de praticiens disponibles.

Cet article analyse les causes de cette pénurie, ses conséquences pour la santé publique et les pistes de solutions mises en place en France et à l’international.

Pénurie de dentistes en France

Des chiffres alarmants

• En 2023, la France comptait environ 45 000 chirurgiens-dentistes en exercice.
• La répartition est très inégale : certaines grandes villes sont bien dotées, tandis que des zones rurales entières ne disposent d’aucun praticien.
• Selon le Conseil national de l’Ordre des chirurgiens-dentistes, près de 6 millions de Français vivent dans un désert dentaire.

Une démographie en tension

Plusieurs facteurs expliquent cette situation :

• Vieillissement des praticiens : une part importante partira à la retraite d’ici 2030.
• Numerus clausus trop restreint dans les années 1990 et 2000, qui a limité la formation de nouveaux dentistes.
• Exode vers les zones urbaines : la majorité des jeunes diplômés s’installent dans les grandes villes.
• Pression financière et administrative : de nombreux praticiens hésitent à ouvrir un cabinet en zone sous-dotée.

Une problématique mondiale

Conséquences de la pénurie

Retards de prise en charge

Les délais pour obtenir un rendez-vous sont parfois supérieurs à 6 mois, ce qui aggrave les pathologies et augmente le recours aux urgences hospitalières.

Inégalités sociales et territoriales

Les zones rurales et les quartiers défavorisés sont les plus touchés, renforçant les inégalités de santé.

Impact économique

Les maladies bucco-dentaires entraînent des arrêts de travail et des coûts indirects importants pour les systèmes de santé. Selon l’OMS, elles représentent près de 500 milliards de dollars par an dans le monde.

Quelles solutions envisagées ?

Augmenter le nombre de dentistes formés

En France, le numerus clausus a été assoupli depuis 2017, permettant la formation de davantage d’étudiants. Mais les effets se feront sentir seulement à long terme.

Incitations à l’installation en zones sous-dotées

• Aides financières et exonérations fiscales pour les jeunes praticiens.
• Développement de maisons de santé pluridisciplinaires.
• Contrats avec l’Assurance Maladie pour garantir une patientèle suffisante.

Développement de la télédentisterie

Comme vu dans l’article précédent, la télédentisterie permet de désengorger les cabinets en facilitant le suivi à distance et en réduisant les déplacements inutiles.

Nouveaux métiers et délégation d’actes

Certains pays (Royaume-Uni, Nouvelle-Zélande) ont développé le métier de thérapeute dentaire ou hygiéniste dentaire, qui prend en charge la prévention et certains soins de base, libérant du temps aux chirurgiens-dentistes.

En France, cette piste reste limitée pour l’instant, mais elle pourrait être explorée.

Mobilité internationale des praticiens

De nombreux pays recrutent des dentistes étrangers pour combler le manque. La France accueille déjà des praticiens formés en Roumanie, Espagne ou Maghreb. Cela pose néanmoins des questions de reconnaissance de diplômes et d’harmonisation des pratiques.

Perspectives d’avenir

À moyen terme, la pénurie devrait persister, car la formation d’un dentiste dure au moins 6 à 9 ans. Les solutions devront donc combiner :

• Innovation numérique (télédentisterie, IA, objets connectés).
• Réforme de la formation pour mieux répartir les étudiants sur le territoire.
• Politiques incitatives pour favoriser l’installation dans les zones sous-dotées.
• Prévention renforcée afin de réduire le nombre de pathologies lourdes nécessitant des soins complexes.

FAQ

Q : Pourquoi y a-t-il si peu de dentistes en France ?
R : À cause du numerus clausus restreint pendant plusieurs décennies, du vieillissement des praticiens et de la concentration des jeunes diplômés dans les grandes villes.

Q : Quels pays manquent le plus de dentistes ?
R : Les pays en développement sont les plus touchés, mais la pénurie concerne aussi l’Europe (Royaume-Uni, Espagne) et certaines régions du Canada.

Q : Les délais pour un rendez-vous dentaire vont-ils diminuer bientôt ?
R : Pas immédiatement, car la formation de nouveaux dentistes prend du temps. Les solutions passent par la prévention, la télédentisterie et des incitations à l’installation.

Q : Existe-t-il des alternatives aux dentistes ?
R : Dans certains pays, les hygiénistes et thérapeutes dentaires assurent des soins de base. En France, leur rôle reste limité.

Conclusion

La pénurie de dentistes est un problème structurel qui menace l’accès aux soins en France et dans le monde. Elle s’explique par des choix politiques passés, des contraintes économiques et une démographie professionnelle défavorable.

Ses conséquences sont lourdes : aggravation des pathologies, inégalités territoriales, coût social et économique élevé.

Pour y remédier, il faut une approche globale : former plus de dentistes, mieux répartir les praticiens, développer la télédentisterie et encourager la prévention. Les expériences internationales montrent qu’une combinaison de réformes et d’innovations peut progressivement améliorer la situation.

La dentisterie de demain devra être plus accessible, plus collaborative et plus innovante pour répondre à ce défi de santé publique majeur.