Directives anticipées : choisissez votre fin de vie

Et vous, qu’auriez-vous attendu des médecins si vous aviez été à la place de Vincent Lambert ?

Chacun s’est sans doute posé la question, face à l’histoire de cet homme tétraplégique plongé durant 11 ans dans un état végétatif, à la suite d’un accident de la route.

Cinq ans plus tôt, Vincent Humbert, confronté à la même problématique, avait quant à lui trouvé le moyen de formuler son souhait de mourir.

Certains trouveront difficile de deviner la décision qui serait la leur, si un tel drame s’abattait sur eux. D’autres sont, d’ores-et-déjà, sûrs de la leur. Ils peuvent alors consigner par écrit les règles qui régiront leur fin de vie en rédigeant leurs directives anticipées.

 

Directives anticipées : le médecin les suit-il vraiment ?

Absolument ! En cas d’affection grave et incurable en phase avancée ou terminale, si vous n’êtes plus en mesure d’exprimer vos souhaits concernant votre fin de vie, le médecin doit impérativement se renseigner pour savoir si vous avez rédigé des directives anticipées. Et le cas échéant, il doit les suivre.

Aucune investigation, aucune intervention ni aucun traitement ne peut être engagé sans que les directives anticipées n’aient été recherchées. Et si elles existent, elles doivent être lues, et suivies. Même chose quand l’arrêt d’un traitement qui maintient artificiellement la vie sans aucune chance de guérison est envisagé. Il ne peut être mis à exécution tant que les directives anticipées n’ont pas été recherchées. Si elles décident du maintien sous respirateur, elles doivent être suivies.

La limitation, l’arrêt des traitements, le transfert en réanimation, le placement sous respiration artificielle, le fait d’être opéré ou non, le choix d’être soulagé de ses souffrances au risque d’abréger la vie sont autant d’éléments qui peuvent figurer au sein des directives anticipées.

 

Y a-t-il des exceptions ?

Deux situations seulement font exception.

Le médecin qui doit faire face à l’urgence vitale n’est pas tenu de rechercher les directives anticipées durant le temps requis pour dresser une évaluation complète de la situation.

Quand les directives anticipées apparaissent manifestement inappropriées ou non conformes à la situation médicale, le médecin n’est pas tenu de les suivre. Cette situation est constatée de façon collégiale. Le médecin inscrit dans le dossier médical la décision qui a été prise de ne pas suivre les directives. Il en informe la personne de confiance (ou la famille, ou les proches).

 

Comment s’y prendre pour rédiger des directives anticipées ?

Vous êtes majeur ? Il vous suffit d’écrire, sur papier libre (à la main ou à l’ordinateur), les règles que vous souhaiteriez voir appliquer dans le cas précité.

Vous êtes sous tutelle ? La rédaction de vos directives anticipées nécessite l’autorisation du juge ou du conseil de famille (dans le cas où il existe). Votre tuteur ne peut pas vous assister, ni vous représenter dans cette démarche.

Vous n’êtes pas capable d’écrire vous-mêmes vos directives ? Demandez à votre personne de confiance ou à un proche de le faire à votre place. Un autre témoin doit alors être également présent.

Les directives anticipées doivent être datées et signées. Si quelqu’un les a rédigé pour vous, son nom, son prénom, son niveau de relation avec vous doivent être précisés, ainsi que ceux de l’autre témoin. Le rédacteur doit également attester par écrit que ces directives expriment vos souhaits et que vous ne pouvez pas les rédiger vous-même.

Rangez précieusement le document, et informez vos proches de son existence et de l’endroit où il se trouve. En cas de besoin, les directives anticipées doivent être facilement accessibles. Vous pouvez les faire figurer dans votre dossier médical partagé (DMP). Vous pouvez aussi les remettre à votre personne de confiance.

 

Les directives anticipées sont modifiables et révocables à n’importe quel moment. Leur durée de validité n’est pas limitée dans le temps.